HARDIESSE DES PREMIERS CHRETIENS

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    «Ce n'est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné mais un esprit de force, d'amour et de sagesse.» (2 Timothée 1-7)

    Il y a un peu plus de 1875 ans qu'un terrible incendie réduisait en ruines la moitié d'une ville impériale, la plus belle et la plus puissante de l'époque. L'Empereur, que l'on accusait d'être l'auteur de la conflagration, essaya de détourner les soupçons qui pesaient sur lui en attirant l'attention du peuple sur une secte religieuse dont les membres, cependant, étaient amis de l'ordre et de la tranquilité. Ainsi calomniés, ces paisibles sujets essayèrent de se défendre ; ce fut en vain. En vertu d'un arrêt impérial, la persécution, la plus horrible qui ne fut jamais, vint jeter l'effroi parmi eux. Ce fut un raffinement diabolique de cruauté et de torture ! Les uns furent lâchement égorgés, les autres furent crucifiés comme de vils malfaiteurs, d'autres encore, qu'on avait revêtus de peaux de bêtes féroces, furent dévorés par les chiens ; d'autres, enfin, furent accoutrés de vêtements imprégnés d'une matière inflammable auxquels on mit le feu et ces malheureux, comme des torches allumées, servirent à illuminer les cirques publics ou les jardins de l'Empereur ; ce monstre, déguisé en cocher, osa se mêler à la populace et assister en personne à l'infernal spectacle.

    La ville s'appelait Rome ; le bourreau était Néron ; les victimes innocentes, c'étaient les chrétiens !

    Peu de temps après, celui qui était considéré comme le chef des disciples crucifiés fut aussi arrêté, et l'apôtre des Gentils fut conduit à Rome, probablement comme conspirateur et, peut-être aussi pour avoir introduit dans l'Empire une «religion nouvelle et illicite» (religion nova et illicita). Une fois déjà St. Paul avait été retenu dans la «capitale du monde» mais alors il avait le droit d'habiter «une maison louée par lui» et jouissait d'une grande liberté. Cette fois-ci, les choses semblent avoir été très différentes. Il nous déclare lui-même avoir beaucoup souffert «jusqu'à être lié comme malfaiteur !» (2 Timothée 2-9).

    Il nous semble apercevoir ce petit vieillard frêle, penché sur un parchemin, il trace vivement quelques lignes destinées à celui qu'il appelle son fils. Un de ses amis est près de lui, tous les autres l'ont abandonné ! Les amis sont rares dans l'adversité ! Il prie Timothée de se hâter de venir vers lui et d'apporter un manteau, dont il sentait sans doute le besoin dans sa froide prison (2 Timothée 4-13) (Certains pensent qu'il s'agissait de la toge romaine prouvant ainsi lla qualité de citoyen romain de l'apôtre Paul.)

    . Etant à la veille «d'achever sa course», il considérait «le temps de son départ comme proche». Timothée pouvait arriver trop tard pour recevoir ses dernières instructions ; alors, pour rappeler à ce "fils spirituel" ce que la vie a été et pour l'orienter, lui Timothée dans la même voie, et lui dit que « Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité mais un esprit de Puissance, d'Amour et de Sagesse.

    Toute entreprise exige une force de caractère particulière chez celui qui veut la mener à bonne fin. Ne parle-t-on pas de mobiliser toutes les énergies françaises pour gagner la guerre. Lorsqu'il s'agit d'une entreprise d'ordre spirituel et dans laquelle les sentiments intimes du cœur humain entrent en jeu, la force de caractère est insuffisante ; il faut se débarrasser de toute honte et de toute timidité : IL FAUT LA HARDIESSE.

     

    LA HARDIESSE DE JESUS

    Jésus enseignait comme ayant autorité et non pas comme les scribes, ergoteurs de l'époque. Cette autorité, cette sainte hardiesse du Sauveur était nécessaire à l'accomplissement de Son Œuvre. N'était-il pas venu pour convaincre le monde de péché ?

    Ne devait-il pas mettre à nu l'hypocrisie, l'astuce et l'avarice de ceux qui s'étaient emparés de Sa Vigne ? Ne venait-il pas parler de renoncement personnel et se heurter ainsi au rocher de l'égoïsme humain ? La timidité et le laisser-aller ne convenaient pas pour une telle œuvre.

    Aussi, écoutons-le : «Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ; sépulcres blanchis» !

    Il nous semble qu'il aurait pu se réjouir en voyant les foules se presser sur Ses pas. Mais non, au lieu de les flatter, il leur fait comprendre qu'une adhésion extérieure est insuffisante et il leur dit : «Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive».

     

    LA HARDIESSE DES APOTRES

    Si cette sainte audace était nécessaire au Sauveur, elle ne l'était pas moins aux douze hommes envoyés par Lui à la conquête spirituelle du monde ainsi qu'aux premiers chrétiens appelés à affronter les grands périls.

    Ils devaient prêcher une doctrine qui serait «un scandale pour les uns et une folie pour les autres». Ils avaient à faire face aux ignorants et aux arguments de la philosophie de leur temps ; ils avaient à résister aux aberrations et à la corruption païennes. Les lois leur étaient défavorables, ils devaient s'attendre à la persécution ; en un mot, la doctrine qu'ils devaient défendre et propager était appelée à renverser toutes les coutumes et les croyances pratiquées. Ils étaient une poignée en face du monde entier qui était contre eux !

    Les timides et les craintifs auraient tremblé à la seule pensée d'une oeuvre semblable ; eux, ne reculèrent pas ! La plupart, il est vrai, périrent à la tâche, mais leur oeuvre, si insensée qu'elle ait pu sembler au début, subsiste toujours, comme pour nous rappeler que Paul et les chrétiens de son temps n'étaient pas animés d'un esprit timide et indolent, mais de l'Esprit de leur Maître, d'un esprit de Hardiesse et de Force !

     

    LA HARDIESSE DES TEMOINS DE LA FOI

    Si la hardiesse dont nous parlons était nécessaire aux premiers temps du Christianisme, elle le fut encore au cours des dix-neuf siècles qui nous séparent de sa naissance. Il ne s'agissait plus d'en poser les fondements mais d'en préserver les principes et les doctrines, puis d'en élaguer les adjonctions humaines. Que trouvons-nous aux tournants décisifs de cette histoire ? Des hommes, des Témoins qui ont osé clamer à l'Eglise égarée ou assoupie, des vérités vitales pour elle mais depuis longtemps enfouies : Salut par la foi, sanctification, oeuvres comme fruits de la foi, attente du Retour du Seigneur, baptême du Saint-Esprit etc... Comment ces chrétiens «qui n'aimèrent pas leur vie jusqu'à craindre la mort» (Apocalypse 12-11) purent-ils délivrer le message, à eux confié par Dieu, et porter des fruits qui subsistent encore aujourd'hui ? C'est parce qu'ils étaient TOUS animés de cet esprit de sainte hardiesse dont nous parlons.

     

    LA SAINTE HARDIESSE EST NECESSAIRE AUX ENFANTS DE DIEU

    Les circonstances ont peu changé, les nécessités sont les mêmes, les enfants de Dieu doivent bannir l'esprit de timidité. Dieu a suscité dans le monde entier, au cours de notre siècle, un «Mouvement de Réveil» qui, en puissance et en fruits, ne le cède en rien aux Réveils d'autrefois ; sous peine de voir la Cause du Maître compromise, il faut qu'il se poursuive avec la même Hardiesse.

    Nous n'avons plus, il est vrai, à lutter contre la barbarie ancienne ou à abattre des idoles, déjà tombées d'elles-mêmes ; mais, si l'Ennemi a changé dans ses apparences, il n'en reste pas moins dangereux. Le mal règne plus que jamais ! L'amour du monde, l'amour du bien-être sont cultivés aujourd'hui (même en temps de guerre !). L'égoïsme est toujours le même, les passions brûlent toujours au fond des cœurs, elles ne sont pas moins grossières que par le passé quand on enlève le vernis qui les recouvre. Or, le devoir des enfants de Dieu est de réagir contre ces choses.

    Il y a des hommes qui, à l'heure actuelle, alors que le monde est embrasé par tant de haines, prétendent que la rénovation du cœur humain peut être opérée sans la puissance de Dieu et de l'Evangile. Ce que l'on peut dire à de tels visionnaires, c'est que leur foi est grande ! Nous savons qu'il faut autre chose pour relever les ruines du monde en général et du cœur humain en particulier que la main de l'homme. Le Christ, Lui-même, rétablira toutes choses. L'inactivité, la timidité des chrétiens est chose honteuse quand nous la considérons à la lumière des évènements actuels. Le mal n'est pas timide ; il s'affiche même hautement ; de récentes interventions armées chez des peuples sans défense en sont la preuve ! L'orgueil, lui, exerce ses ravages sans aucune honte. A l'heure actuelle, le sang coule ! Devons-nous nous attendre à des carnages dont l'antiquité ne nous aura encore donné aucun exemple ? Chrétiens, mes frères, les défenseurs du Mal ne sont pas animés d'un esprit de timidité, nous, le serions-nous ?

    Nous voici parvenus à ces derniers temps dont la Parole de Dieu nous donne une vivante description qui cadre si bien avec notre époque. Alors le moment n'est-il pas venu de nous emparer avec plus de hardiesse encore des armes spirituelles de la justice et de la vérité.

     

    L'ESPRIT DE HARDIESSE BANNIT LA FAUSSE PRUDENCE ET POUSSE A L'ACTION

     

    On nous parle de prudence et l'on a raison ; il y a une certaine prudence dont nous ne voulons pas. Il y a des hommes «prudents» qui ne jettent jamais complètement leur cœur entier dans une oeuvre quelconque ou qui n'ont jamais éprouvé les transports d'une âme brisant ses propres liens. Ces hommes comparables à de la matière réfrigérante, glacent tout ce qu'ils approchent ; ils passent pour sages aux yeux de plusieurs simplement parce que l'amour de Christ n'a jamais enflammé leur cœur. De cette prudence, répétons-le, nous n'en voulons pas. Le respectable religionnaire le dogmatiste dont la vie spirituelle consiste dans une systématique classification de choses divines, ressemblant quelque peu à l'herbier du botaniste ; l'homme qui s'étudie pour savoir jusqu'à quel point il pourra réduire ses obligations à l'égard de Dieu ; le paresseux qui dit : «le lion est sur le chemin» ; le chrétien timide enfin, qui ne confesse son Sauveur que dans les occasions favorables et qui suit toujours, à distance, ceux-là sont impropres pour l'œuvre à laquelle Dieu nous appelle maintenant.

    Frères et sœurs du Réveil I Dieu nous a bénis en nous arrachant à l'indifférence, à la mondanité, à la superstition ou à l'incrédulité. Mais souvenons-nous qu'en retour de ces faveurs, le Maître demande un témoignage fidèle et fervent à sa gloire !

    Dieu nous a fait croître spirituellement. Veillons à ce qu'en étendant les cordes de notre tente nous ne laissions se relâcher celles qui unissent nos cœurs. Bannissons toute crainte, toute timidité, travaillons à intensifier notre ardeur chrétienne et nous triompherons dans les combats ici-bas en attendant le jour où, le Seigneur nous remettant la Palme céleste, transformera le triomphe du temps présent en une gloire éternelle ! «Nous n'avons pas reçu un esprit de timidité mais un esprit de Puissance, d'Amour et de Sagesse». (2 Timothée 1-7)

    J.Woerner